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« UN PISTON CONVOIE LE FUMIER MOU VERS LA FUMIÈRE »

Racleurs et évacuateurs. Les racleurs placés en quinconce (quand l'un est en début de couloir, l'autre est en fin) apportent le fumier à tour de rôle dans l'évacuateur.

NE POUVANT PAS INSTALLER LA FUMIÈRE EN BOUT DE STABULATION, LE GAEC LES BONNEAUX A OPTÉ POUR UN PISTON VERTICAL ET UN ÉVACUATEUR VA-ET-VIENT.

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DEPUIS DÉCEMBRE 2008, À LA SUITE DE L'AGRANDISSEMENT de la stabulation et du passage en logettes, un piston vertical achemine le fumier vers la fumière du Gaec Les Bonneaux. « En limite de propriété d'un côté et bordé par un chemin communal de l'autre, nous ne pouvions plus installer la fumière dans l'axe du bâtiment d'élevage, expliquent Jean-Marie et Jean-Claude Tardif, frères et associés. Notre stabulation et notre fumière couverte étaient devenues trop petites avec l'évolution de notre troupeau. De plus, avec des terres à la fois humides et séchantes (sable sur argile), nous avions des difficultés d'organisation pour stocker le fumier en bout de champs. » Construit en 1999, le bâtiment, initialement de 42 x 20,50 m et en aire paillée, a été rallongé de trois travées de 6 m, soit un tiers de plus, venant ainsi prendre la place de l'ancienne fumière de 210 m2.

« La volonté de réduire notre consommation de paille a guidé le choix des logettes, détaille Jean-Marie. Au vu de nos surfaces, nous ne produisons que 10 à 20 ha de paille. Nous devions acheter l'équivalent de 100 ha. » En aire paillée, la consommation était de 11 kg de paille par vache et par jour. Avec les logettes, elle a fortement diminué pour atteindre 2,5 kg.

Les deux frères ont choisi d'aménager la nouvelle fumière dans un hangar préexistant de 450 m2 et parallèle à la stabulation. Pour y acheminer le fumier, le choix du piston a été fait à la suite d'une visite chez un éleveur du département qui en était équipé.

« Il en était satisfait, se souvient Jean-Claude. Cela nous a convaincus. Le constructeur nous a proposé un équipement complet : racleurs, évacuateur et piston. » Deux racleurs à chaîne parcourent les deux couloirs. Ces derniers sont de même longueur pour éviter les débrayages. En bout de course, le fumier se déverse dans un canal d'évacuation. Via un compte-tours, le groupe d'entraînement de chaînes gère l'avancement des racleurs. Il a été placé à l'abri, ce qui permet de le préserver et de ne pas avoir à le nettoyer.

« L'ENSEMBLE DU SYSTÈME EST SYNCHRONISÉ »

L'évacuateur va-et-vient hydraulique prend le relais pour amener le fumier jusqu'au piston. « Nous pouvons racler l'aire d'attente directement dans l'évacuateur. Cela économise du temps. » Entre la stabulation et le piston, le canal est couvert par des dalles de béton pour éviter tout accident, avec des enfants par exemple. Cela laisse également le passage libre pour les véhicules.

Entraîné par une centrale hydraulique, un piston vertical rectangulaire de 40 x 30 cm pousse le fumier sur une longueur de 1,20 m dans un tuyau PVC. Les jus sont évacués vers la fosse grâce à une conduite située sur le côté du piston.

De 40 cm de diamètre, le tuyau s'enfonce jusqu'à 2,50 m en dessous du niveau du sol. Il est noyé dans le béton et ferraillé pour encaisser les pressions exercées. Pour faciliter le passage du fumier, les virages se font via des coudes de 45°. Vingt mètres plus loin, la sortie se fait par une cheminée qui ressort du sol de la fumière. Elle est décalée dans le fond car, mécaniquement, le fumier a tendance à avancer.

Le moteur des racleurs synchronise le groupe d'entraînement gérant la chaîne va-et-vient de l'évacuateur et le piston. En hiver, le système est activé huit fois par jour pour une durée de trente minutes En période de pâturage, cette fréquence baisse jusqu'à trois fois par 24 heures. Un système antigel se déclenche en cas de risque et déplace l'installation de quelques centimètres pour éviter qu'elle ne colle au sol. « Il faut juste penser à réarmer le système après une coupure d'électricité », signale Jean-Marie.

Après quatre mois de travaux, les vaches ont intégré leurs logettes en décembre 2008. Restait aux deux frères de trouver les bons réglages pour gérer les déjections. « Dans un premier temps, nous avons été confrontés à un fumier trop hétérogène pour être correctement déplacé par le va-et-vient et le piston. Il y a eu de nombreux bourrages qui forçaient sur les mécanismes. Cela a occasionné plusieurs pannes : deux vérins, des flexibles, la pompe hydraulique... »

« NOUS AVONS DÛ FAIRE DES AMÉNAGEMENTS »

Pour les éviter, une nouvelle pailleuse est arrivée sur l'exploitation en 2013. « Grâce à elle, nous coupons la paille. Cela empêche les vaches de la sortir des logettes en gros blocs, qui viennent ensuite faire des bouchons. Il faut en mettre un peu plus à chaque fois pour obtenir un matelas suffisamment épais. En contrepartie, elle sort moins vite des logettes, donc nous pouvons recharger moins souvent. Le principal inconvénient de couper la paille est que cela occasionne beaucoup de poussière. Maintenant, il existe des systèmes de brumisateurs, mais nous avons acheté la pailleuse un an trop tôt. »

Le fumier obtenu est désormais plus homogène. Il passe plus facilement dans l'évacuateur et le piston. Il se tient mieux dans la fumière car la paille apporte de la consistance. « Depuis, nous n'avons subi aucun bourrage, ce qui arrivait souvent auparavant. Nous avons même pu baisser la pression hydraulique à 170 bars. Nous constatons qu'il n'y a plus de poches de liquide dans le fumier depuis l'utilisation de paille broyée. »

Toujours pour faciliter le travail du piston, la hauteur de la cheminée a été réduite de 2,50 m à 2 m. « Plus la cheminée est haute, plus la pression nécessaire est élevée. En abaissant de 50 cm, nous économisons 15 bars au niveau du piston. »

Jean-Claude et Jean-Marie ont installé des fourches dans le canal de l'évacuateur, en amont du piston pour limiter les risques de bourrages.

« UN SYSTÈME COMPLEXE MAIS QUAND ÇA MARCHE, C'EST DU TONNERRE ! »

De manière passagère, les deux frères peuvent encore être embêtés par des fumiers trop liquides, notamment lors d'une météo humide. « Avec un fumier contenant trop de liquide, l'évacuateur et le piston fonctionnent mal, car cela crée un effet de fumier flottant. C'était le cas lors de fortes averses. Depuis, nous avons aménagé un déversoir pour détourner les eaux de ruissellement. » Du côté de l'épandage, la table va bientôt être remplacée par des hérissons verticaux plus adaptés au fumier mou.

Après plus de cinq ans de fonctionnement, Jean-Claude et Jean-Marie sont enfin « sereins » pour gérer ce système. « C'est grâce aux aménagements que nous avons mis en place, précise Jean-Claude. Le mécanisme force moins et donc il y a moins de pannes. Il faut apprendre à s'en servir et trouver des astuces. Il faut plusieurs mois pour trouver les bons réglages. Ce système reste plus complexe à gérer qu'une fumière dans l'axe de la stabulation mais quand ça marche, c'est du tonnerre ! Le fabricant ne nous a peut-être pas donné toutes les informations nécessaires pour un démarrage dans les meilleures conditions. »

Les frères conseillent d'avoir toujours en stock des flexibles en cas de panne. « Dès qu'un système est mécanisé, il s'use, relativise Jean-Marie. Surtout quand il tourne quatre heures par jour en hiver ! Mais à chaque fois, ce sont des réparations que nous pouvons réaliser nous-mêmes. Nous regrettons quand même que ce type de matériel ne soit pas plus robuste. » Au total, l'ensemble de l'installation de gestion des déjections représente un investissement de 94 200 €. À cela s'ajoutent l'achat de la nouvelle pailleuse pour 18 500 € et la nouvelle stabulation pour 58 000 €. Les deux moteurs consomment entre 11,25 et 30 kWh par jour selon le nombre de raclages, soit un coût de fonctionnement quotidien variant de 0,90 à 2,40 €. « Cela revient probablement moins cher que l'entretien d'un tracteur qui est tous les jours dans la "merde", souligne Jean-Marie. Nous avons vendu le vieux tracteur qui était dédié au raclage. En plus, maintenant, la fréquence de raclage est plus élevée et nous avons gagné en souplesse d'organisation de notre temps de travail. »

ÉMILIE AUVRAY

Racleurs et évacuateurs. Les racleurs placés en quinconce (quand l'un est en début de couloir, l'autre est en fin) apportent le fumier à tour de rôle dans l'évacuateur.

Piston et centrale hydraulique. Actionné par une pompe hydraulique, le piston vertical rectangulaire de 40 x 30 cm exerce une pression de 170 bars pour pousser le fumier, sur une longueur de 1,20 m dans un tuyau PVC, jusque dans la fumière.

Cheminée. Le fumier émerge à 2 mètres de haut. La fumière est couverte et murée sur trois côtés pour éviter les apports de liquides.

La paille broyée apporte de l'homogénéité au fumier. L'achat de la pailleuse a mis fin aux problèmes de bourrage au niveau de l'évacuateur.

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